Sierra Foothills Noir

Plus que tout autre vin californien d’inspiration rhodanienne goûtés cette année, cette cuvée de Bill Easton est celle qui me laisse l’impression d’un équilibre «à l’européenne». Pour la rondeur, la chaleur et les goûts habituels de cerise confite du grenache, il faudra chercher ailleurs. Le Noir 2011 se démarque plutôt par la texture granuleuse de ses tanins, qui s’apparente à la terre et laisse une impression générale un peu brute, mais délicieusement authentique. Un excellent rouge de terroir qu’on gagnera à laisser respirer en carafe.

Je sais que je vais dire une bêtise, mais cet assemblage où domine le grenache (complété de syrah et de mourvèdre) évoque chez moi des airs de Rayas en raison de la magie des parfums, mais aussi de cette texture fine et glissante évoquant le papier de soie. Réelle finesse, oui, sous des propos capiteux qui ajoutent aux nuances kirschées et réglissées de l’ensemble, sans alourdir. Longue finale.

La référence avec les meilleurs vins du Rhône est indéniable ici. On réalise de plus — et ça, c’est une nouvelle édifiante — que huit ans de bouteille lui ont permis non seulement de moduler sa texture à l’infini, mais aussi de le détailler avec une complexité rare. L’ensemble respire librement, cumulant les nuances de laurier, de cuir, de réglisse et de pivoine fanée sur des tanins moelleux, sapides, d’une appétence folle. Bref, servez-le à l’aveugle à votre beau-frère qui ne jure que par les gigondas et autres châteauneuf-du-pape et on s’en reparle !