Grèce
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Orealios Gaea

C’est sur l’île de Kefalonia, à l’ouest du Péloponnèse que l’on trouve cette cave coopérative de petite taille, si l’on considère que la surface totale de vignes est d’à peine plus 100ha partagés entre 300 adhérents répartis dans 9 villages.

La taille de vignoble moyenne par exploitant est d’environ 0,20ha, c’est dire que la plupart des vignerons cultivent la vigne comme ''side line'' et ont d’autres sources de revenus. Une tare vous croyez? Pas vraiment, car de ce fait ils ont une négligence bénéfique envers la vigne, celle-ci étant moins traitée que si elle représentait la principale source de revenu du vigneron. Double bénéfice, les rendements sont de ce fait moindres; donc une vendange plus qualitative.

C’est dans un paysage qui rappelle le Languedoc que croit la vigne de Kefalonia, entre 300m (un minimum imposé par décret) et 800m, un plafond qui sera dépassé avant longtemps puisqu’il s’agit de la volonté même du directeur de la cave Kosta Bazigos.

Le Robola est un cépage aux origines encore mystérieuses; longtemps complanté avec d’autres cépages, et franc-de-pied jusqu’au début des années 2000. Depuis, le phylloxéra s’est mis à sévir dans le vignoble de sorte qu’il ne reste plus que 20% de vignes non-greffées sur l’île. L’âge moyen du vignoble est maintenant de 40 ans. Fait à noter : seuls les vins produit sur l’île de Kefalonia peuvent arborer le nom Robola sur l’étiquette.

Kosta est assurément le meilleur ambassadeur qui soit de la cave, c’est un gars de la place. Exilé en Angleterre pendant un temps où il cumulait les fonctions de professeur de chimie et... serveur, il reçoit en 2009 un appel de la cave qui lui offre le poste de gérant, alors qu’il n’avait aucune expérience/compétence ni en vin, ni en gestion. Depuis, comme son père et son grand-père, il apporte du raisin à la cave en plus de son travail de gérant. Il avoue humblement avoir fait plein d’erreurs dans les premiers temps de son mandat, mais cache mal la fierté derrière un décision très impopulaire à l’époque. Il met en place dès 2010 un système de classement de la vendange livrée à la cave, et une rémunération bonifiée au vigneron en fonction de la qualité de raisin qu’il livre. Une vendange de qualité A était mieux payé qu’une vendange de qualité B, ainsi de suite. Il prit la mesure de la résistance face à cette mesure le jour où il annonce à son grand-père que sa vendange est de qualité B; le grand-père est reparti avec ses raisins pour les vendre ailleurs et n’a plus reparlé à son petit-fils pour 6 mois! Cette politique aura toutefois eu l’effet de fouetter l’orgueil des vignerons; bien au-delà de la rémunération supplémentaire, c’est la fierté de livrer du raisin A qui devient source de stimulation pour les vignerons.