Casablanca Valley Montsecano pinot noir

Visiblement, les copains travaillent en s’amusant ! « Travaillent » dites-vous ? On s’efforce plutôt à ne rien faire ici, à soustraire tout ce qui est de trop, bref, en en faire

le moins possible. Ce qui laisse toute la place au pinot noir qui, par pudeur, se voile quelque peu sur le plan couleur mais brille par contre sur celui de l’intégrité. Le voilà qui s’affiche avec son fruité de cerise acidulée, un fruité épicé palpable qui s’étoffe avec tout autant de clarté que de légèreté. Un vin vivant, essentiel, émouvant. Visiblement, le fruit d’une collaboration bien sentie entre l’humain et son terroir. Le prix est amplement mérité. Superbe ! Le hic est qu’il en reste trop peu... Quand le boire ? À son meilleur d’ici 5 ans

Rouge. Domaine biodynamique créé par trois Chiliens et un Français (qui rentrent dans un bar pis...), dont l'alsacien André Ostertag. 5,5 hectares à 10 km du Pacifique pour compenser la puissance du soleil. Bon, faudrait peut-être que je me mette à jour, je crois qu'André Ostertag a dû se retirer du projet et ce serait maintenant le bourguignon Dominique Derain qui ferait les vinifications. Nadia Fournier a écrit, à propos du millésime précédent, qu'en raison des sols granitiques sur lesquels sont plantées les vignes de pinot noir, on pourrait comparer avec les meilleurs morgons de Jean Foillard. Je n'ai jamais goûté cette grande cuvée, mais je peux m'imaginer le lien.

Le vignoble chilien a connu l’un de ses plus beaux millésimes des vingt dernières années en 2018, choyé par du temps frais qui a permis de prolonger la saison végétative. C’est peut-être ce qui explique la sveltesse du Montsecano cette année. Les vinifications étaient conduites par le Bourguignon Dominique Derain, dont les méthodes au chai s’inscrivent dans la continuité de celles de son prédécesseur, André Ostertag, avec cependant une plus forte proportion de grappes entières. En goûtant ce vin, je ne pouvais éviter la comparaison avec les meilleurs morgons de Jean Foillard. L’empreinte des sols de granite décomposé de Casablanca – les mêmes que dans le nord du Beaujolais – l’emportait-elle désormais sur celle du pinot ? Le grain tannique est d’abord soyeux, puis serré, garant d’une incroyable fraîcheur, tant en arômes qu’en texture. Le zeste d’orange amère côtoie les herbes séchées, les notes sanguines, l’eucalyptus et la griotte, bien sûr. Long, complexe, unique. Mise en disponibilité dans le Courrier Vinicole Grands vins du monde.