B I O, 3 lettres qui font sourciller
Aujourd’hui tout est bio ou presque. Dans les rayonnages d’épiceries fines, les grandes surfaces ou les marchés, tout est tagué bio, même quand c’est enveloppé de cellophane et suremballé. C’est à ne plus rien y comprendre.
Pour le vin, est-ce pareil ? Pourquoi tout le monde en parle, mais personne ne trouve des chiffres qui permettent de mesurer l’impact ou même la production au Québec ?
Quelle est la différence entre un vin nature, un vin naturel, un vin bio et un vin biodynamique ? Qu’est-ce qu’un vin végane ?
J’ai trouvé 639 produits biologiques dans le moteur de recherche de la SAQ, aucun résultat avec « biodynamie » et encore moins avec le label végane qui fait pourtant étrangement parler de lui. En effet, Le Combal 2014 est classé vin végane, tout comme les autres jus du producteur Cosse Maisonneuve.
Pour m’y retrouver, j’ai contacté Steve Beauséjour, un réZin de notre équipe de ventes, qui m’a permis d’y voir plus clair et surtout de boire moins bête. Petit lexique du bio expliqué par Steve.
BIO, en partant ça nous parle d’une agriculture où il y a du vivant. C’est une marque de confiance, un souci du détail et de la responsabilité environnementale du vigneron qui favorise la polyculture, et par conséquent l’économie durable. À noter que lorsqu’on parle de certification biologique, c’est les raisins qui sont cultivés de façon biologique. Le vin, lui, c’est différent ; rien ne garantit que oenologiquement il n’y aura pas d’autres entrants (levures, produits de synthèse, acide tartrique, soufre, etc.).
VIN NATURE OU NATUREL ?
Steve m’explique : « Nature comme ton yogourt qui est tel quel, sans arômes ajoutés finalement. Pour le vin, on dira sans sulfites ajoutés ou plutôt dont le seul ingrédient est le moût de raisins frais, fermenté naturellement. Naturel c’est plus juste comme terme pour le vin, car ça fait référence la méthode utilisée au cours la création du vin. Ça veut pouvoir dire par exemple qu’on a fait une rectification quasi homéopathique au soufre pour stabiliser le vin lors de la mise en bouteille. »
LA BIODYNAMIE C’EST QUOI ?
« La biodynamie, c’est travailler l’agriculture vivante en intégrant au site une énergie rythmée grâce à des préparations à base de plantes sensées activer les forces cosmiques et limiter les parasites. Les jours du calendrier biodynamique ou lunaire se déclinent comme suit : jours fruits, jours fleurs, jours racine ou jours feuilles ; ils dictent les travaux à effectuer dans la vigne afin d’accroître la répercussion du geste agricole. En somme, la biodynamie dicte l’impact du geste sur la plante. »
UN LABEL VEGAN
Ou un vin garanti sans produits animaux pour le plus grand bonheur des végétariens, des végétaliens ou même des flexitariens. Malgré ses apparences, le vin n’est pas que végétal. Des produits de source animale interviennent dans les étapes de sa création. Blanc d’œuf, colle de poisson, gélatine animale, albumine, caséine (protéine de lait) sont souvent utilisés, en particulier pour ce que l’on nomme le « collage ». Le collage est l’étape qui permet de clarifier le vin et de précipiter les dépôts au fond de la cuve. Mais ce n’est pas tout, il est interdit d’utiliser du compost à base de bouse de vache, ou du fumier de cheval, tout comme il ne faut pas laisser les moutons pâturer dans les vignes. Bref. Que ce soit par idéologie ou à cause d’allergies à l’un ou l’autre de ces ajouts, les consommateurs peuvent maintenant donner libre cours à leur passion.
UNE CERTIFICATION BIO, EST-CE NÉCESSAIRE ?
« C’est certain que d’avoir une certification Bio sur un vin est un gage qualitatif pour les clients. On a l’impression, la conviction, comme buveur de vin, de poser un geste concret pour l’environnement et notre santé. Cependant, pour beaucoup de vignerons, la méthode biologique est une évidence », précise Steve « Par exemple, as-tu vu un de ces labels-là sur les bouteilles de Morgon de Jean Foillard ou Marcel Lapierre ? »
Avant tous les vins étaient bio par définition, même si la chimie était au RDV pour contrôler la magie de la fermentation (Pasteur a mis un point d’honneur à nous expliquer le phénomène). Aujourd’hui, c’est sous observation microscopique que plusieurs vignerons suivent la magie de la vinification. La science aide à mieux comprendre le vin et sa composition globale.
Parfois, c’est le marketing qui empiète sur le produit au détriment du vin. Les vins d’aujourd’hui, dits conventionnels, sont l’œuvre de beaucoup de chimie et de paresse ; l’industrialisation à son pire, finalement. Le goût, lui, ne ment pas. Le vin s’il est travaillé pour donner un goût similaire, rectiligne et sans nuances d’année en année nécessite forcément des ingrédients standardisés pour réussir la recette.
Par contre, la certification bio c’est, en apparence, un gage de qualité, un produit qui se veut moins tronqué, un souci environnemental, une vision qui amène les gens à préférer le vin bio aux autres. Pourtant il existe des dizaines d’organismes qui délivrent les certifications biologiques (voir une liste ici pour le Québec) avec autant de cahiers de charges différents.
Ce qui est certain, c’est que les vins bios sont vendus plus cher, car techniquement le soin apporté à la vigne se reflète dans le prix.
Alors vous aussi, avant de succomber à l’attrait de la biomanie, gardez en mémoire ce petit lexique et faites des choix avisés !