Hubert Marsolais, créateur d'univers originaux et poétiques

6 juin 2006
Martine Boisvert
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Figure connue et respectée du milieu de la restauration, Hubert Marsolais s’investit parallèlement dans de nombreux projets artistiques. Une facette de sa personnalité peut être moins connue, mais tout aussi présente.

États créatifs
«Je me suis toujours intéressé à l’art, sous toutes ses formes, depuis que je suis très jeune.» C’est à la terrasse du Club Chasse et pêche, restaurant dont il est copropriétaire avec son associé Claude Pelletier, qu’Hubert Marsolais parle du milieu dans lequel il évolue. «Mon intérêt pour l’art rejoint la restauration à plusieurs niveaux. J’ai du plaisir à créer des univers inusités et à y intégrer de multiples formes artistiques, soit par le design, l’architecture, ou plus directement par l’intégration d’œuvres d’art. L’apport des collègues est aussi très important : ils se greffent au moment opportun, apportent leurs qualités, leur savoir-faire et rendent l’objet vivant.»

Très tôt dans la carrière d’Hubert Marsolais, la création artistique revêt des formes variées. Assistant-photographe, acteur, performeur, commissaire d’exposition, il occupe divers rôles et parle de chacun avec plaisir. «La performance physique, sous tous ses aspects, m’a toujours séduit.» Passionné de danse et d’art de la scène, il s’enthousiasme pour les nouveaux objets théâtraux, formes métissées de la performance. «Ce qu’Alain Platel, Thomas Ostermeier, Anne Teresa De Keersmaeker et Pina Bausch font dans le domaine de la mise en espace scénique et de la chorégraphie me passionne profondément. Ils mêlent théâtre, danse, jeux et performance et décloisonnent les disciplines. J’adore ça.» Actuellement impliqué dans la création du prochain spectacle de Brigitte Haentjens, metteure en scène pour qui il a le plus grand respect, il dit être intéressé par toutes les étapes qu’implique ce type de direction artistique. L’aisance avec laquelle il conçoit divers projets et sa facilité à rassembler des collaborateurs lui donne envie d’exploiter ces qualités dans d’autres domaines que la restauration. «Je pense que je comprends très bien le processus créatif, et j’ai envie de me donner le temps de le déployer.»

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Les collectifs
Les collaborations sont significatives dans la démarche d’Hubert Marsolais. En 2007 il participe au spectacle Je ne, pièce de l’auteur et metteur en scène Daniel Danis, présenté la même année à L’Usine C, à Montréal. Avec l’équipe de création, il travaille au développement de l’espace scénique, et s’implique en tant que performeur. L’événement, à la fois poétique, théâtral et exploratoire prend la forme d’un espace déambulatoire créé autour du texte de l’auteur.

La même année, il collabore à la réalisation d’un film du collectif montréalais BBT intitulé En Parallèle, en collaboration avec sa compagne Marie-Ève Nadeau. À partir de la chorégraphie, Marie-Ève et Hubert développent une forme de narration autour, notamment, des thèmes de l’isolement et du confinement. Le film est présenté en 2007 aux Rendez-vous du cinéma québécois, ainsi qu’à la Société des Arts Technologiques sous forme d’installation vidéo.

Présentement et toujours en collaboration avec Marie-Ève Nadeau, Hubert Marsolais achève un court-métrage inspiré du film Story of Jen, œuvre du réalisateur François Rotger. «Au départ, on voulait faire un making of, qui est finalement devenu un petit film avec une vie en soi. L’ensemble mêle fiction et documentaire. On a interrogé l’équipe impliquée (autant acteurs que metteurs en scène ou figurants) sur les thèmes abordés dans le film : les filles-mères, la sexualité adolescente… C’est devenu un petit film sur la jeunesse et l’héritage familial.»

Hubert s’est aussi impliqué en tant que vidéaste lors de défilés de mode de Renata Morales, pour lesquels il a réalisé à deux reprises les projections diffusées durant l’événement. Directement inspiré du style à la fois artisanal, audacieux et coloré de la designer, il signe une œuvre originale où lumière, formes et mouvements sont mis de l’avant.

La grande boucle : l’étiquette et son histoire
En 2007, John Ledwell, un très bon ami de l’équipe du Club, décède lors d’un voyage de pêche à l’Île-du-Prince-Édouard. Avant même de prendre le large le premier matin, il meurt sur le quai, foudroyé par un arrêt cardiaque. Très touché par cette perte, Hubert rend hommage à un ami. «Je pense souvent à John. Par ce projet photographique, j’ai voulu illustrer l’idée de la boucle, de la continuation, et représenter une forme d’intemporalité. Le personnage se dirige vers un autre astre, qui pourrait être la lune, ou un autre soleil. Le paysage est lunaire, un peu abstrait. L’arbre fossilisé d’or est cristallisé dans le temps.» À la fois simple, narrative et mystérieuse, l’image devenue étiquette donne le ton à l’ensemble. «Je suis content d’avoir eu la liberté de travailler le graphisme de la bouteille et d’avoir pu développer l’objet dans sa globalité. C’était important pour moi parce que comme je ne suis pas un artiste visuel, l’aboutissement d’une idée sensible me tenait beaucoup à cœur.»

Les projets
Lorsque le sujet des plans futurs est abordé, les idées fusent! «J’ai toutes sortes de projets d’écriture et de petits films, et quelques idées de design d’objets. Le prochain grand projet concerne la restauration. Ça fait deux ans qu’on travaille là-dessus. Je crois qu’on est en train de développer quelque chose d’unique, dans un contexte parfait; on se fait vraiment plaisir.» Hubert Marsolais souhaite également cumuler les apprentissages multiples, qu’ils soient d’ordre technique ou artistique. «Je suis un genre de dilettante. Il y a tellement d’affaires qui m’intéressent, j’essaie de les attraper au vol. J’apprends vite, et j’adore ça. Cependant, ça a le défaut de ses avantages : je me retrouve à faire un paquet de choses en surface. Mais je veux continuer à élaborer des projets, à rassembler des gens que j’aime et à travailler avec eux, en prenant le temps de le faire.» Hubert possède une vision très affinée de sa carrière actuelle et de la direction qu’il désire lui donner. Il envisage les années à venir avec un optimisme lucide. «Pleins de projets vont se présenter, et j’aurai l’occasion de les mener à bien. Je pense que ce sera une période formidable.»

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Cuvée RéZin 2006 Vin de pays

Les années passent, les cuvées réZin changent, mais s’adressent toujours à l’amateur de vins naturels pour qui le plaisir réside dans la franchise des parfums et la personnalité, plus que dans les préjugés attachés aux cépages ou aux appellations.

Le vin est issu de raisins cultivés le plus naturellement possible et la main du vigneron n’intervient dans la vinification, comme dans l’élevage, que pour sublimer le fruit et son origine.

Comme à chaque année, il s’agit de vin 100% fruit, sans levures chimiques ni acides, sucre de betteraves ou enzymes ajoutées. Il est assemblé par nos soins à la cave et mis en bouteilles sans filtration. Ce procédé permet d’embouteiller un produit fidèle à l’essence même du fruit, du millésime et du terroir d’origine.

Notre vigneron en résidence pour la cuvée 2006 a beau être établi à Cahors, il n’est pas pour autant enraciné dans la région et la reconnaissance de son talent résonne un peu partout dans le sud de la France. Nous n’avons donc pas été surpris lorsque Matthieu Cosse nous a proposé pour la cuvée de blanc, un assemblage de vins qu’il produit en Provence.

C’est de loin le blanc le plus riche que nous ayons mis en bouteilles depuis la création du projet Cuvée réZin. Il s’agit d’un assemblage des plus originaux, dans lequel le fruité est mûr sans être confit, comme l’atteste le côté légèrement minéral au nez.

Malgré l’omniprésent soleil provençal, la beauté de cette cuvée réside dans l’absence de toute lourdeur. Son équilibre confère à ce vin une grande digestibilité.

Le réZin blanc 2006 se boit frais (mais pas trop) à l’apéro, avec des coquillages, des charcuteries et des fritures. Il peut aussi aisément accompagner le repas. Réservez-lui poissons et crustacés, volailles et fromages de chèvre. Il peut supporter la fumée, les épices et prolonger les chaudes soirées d’automne… L’habillage est une œuvre d’un jeune restaurateur montréalais, Hubert Marsolais, complice vin de longue date de réZin.

hubert

Cuvée RéZin blanc
Matthieu Cosse
Vin de pays des bouches du Rhône – 2006