Marc Leduc - La peinture comme une lutte

4 janvier 2006
Martine Boisvert
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De l’insatisfaction considérée comme un des beaux-arts : Marc Leduc dévoile ses œuvres, témoignages d’un univers saisissant et poétique.

Quand l’œuvre naît du chaos
Dans l’appartement de Marc Leduc, qui est aussi son atelier, chaque détail accroche l’œil. Affiches, sculptures, épreuves de bandes dessinées et photos ponctuent l’espace, comme autant d’objets empreints de gravité et d’humour. L’environnement constitue l’extension naturelle de l’œuvre ou en est la source d’inspiration, selon le moment. «J’aurais aimé que tu voies le lieu en phase de production. C’est tellement beau ici… On a de la misère à marcher, tout traîne.» Dans cet espace que Marc Leduc aime qualifier de petite roulotte, les bonnes idées naissent du désordre. L’artiste le sait et les provoque volontiers. Il explique ne pouvoir commencer à peindre tant que la surface de travail n’est pas couverte de matière. Divers objets trouvent ainsi leur place sur le tableau, mais ce sont papiers et imprimés divers qui collés sur la surface de bois, en constituent la couche de base. Le canevas ainsi créé inspire l’artiste dans les étapes à suivre. Un procédé tout simple contribue à l’amorce créative : l’étalage au sol de grande quantité de papier, dont la fonction première (protection), finit par disparaître au profit du tableau. À force de passage, le papier s’use et de petits mondes se créent; l’artiste les saisit. «Les sections salies ou colorées de peinture, je les arrache et je les colle sur mon tableau. Elles me guident, selon l’étape du travail.»

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Ces jalons menant au tableau final sont multiples, parfois répétitifs, et souvent synonymes de renoncement. Devant la difficulté à entreprendre, il admet volontiers : «Si tu ne commences pas, rien ne va se passer. Et même quand tu commences, avant que le procédé devienne vraiment cool, et que tu ne sois plus capable d’arrêter, il se passe plusieurs phases vraiment boring. Pourtant, quand ça marche, c’est tellement le fun, c’est tellement hallucinant… Il n’y a plus rien d’autre qui compte. »

Marc Leduc insiste sur l’importance du dépassement, et la nécessité d’éviter les zones de confort : «Il y a toujours une petite voix qui me dit scrape-moi ça. Je dois me forcer à pousser plus loin. Je vis plusieurs moments d’euphories, où le tableau me plaît tel qu’il est, mais je sais que j’obtiendrai satisfaction plus loin. Il faut se péter la gueule. C’est tellement jouissif, parce que tu te rends là où tu ne pensais même pas aller.» Le dépassement est donc le moteur de la démarche de l’artiste, et s’apparente au deuxième souffle du coureur de fond. Il avoue devoir souvent se forcer à y mettre un terme. «Je pourrais continuer. Et je recommence souvent. La plupart du temps, il y a deux, trois peintures derrière le travail fini.»

Les hasards heureux
L’inspiration prend des formes diverses et parfois étonnantes. Séduit par ces petits riens qui font le charme de l’existence, Marc Leduc parle avec enthousiasme du processus créatif l’ayant guidé pour une série de toiles, présentées dans le cadre des vingt ans du bar Le Cheval blanc. «L’idée m’est venue en buvant une bière sur place un soir. Je voyais tout le temps des petits bouts de papier griffonnés traîner près de la caisse. Ce sont les bar bills; les employés les jetaient… Je leur ai demandé de me les garder, en leur précisant de ne rien changer à leurs habitudes.» Ces petits instantanés, de prime abord insignifiants, fascinent l’artiste. «C’est une habitude de plancher. Sur chaque bar bill, le serveur indique le nombre de bières consommées, et certains détails supplémentaires servant à identifier le client : “casquette rouge”, “fenêtre ”, “couple gentil”, “deux gars ”; le tout agrémenté de gribouillis inconscients. J’ai décidé de m’en servir comme fond de tableau.» L’effet est impressionnant : masquées en certains endroits par la peinture, à peine dévoilées derrière des morceaux de papier de soie ou alors bien visibles, les phrases deviennent motifs, textures. Le bleu du stylo à bille est rehaussé par des jus dilués, des effets de collages. Des visages et des formes apparaissent. «J’aime me retrouver devant un chaos total et tomber sur de petits repères. Ma démarche est vraiment maniaque, mais j’aime ça. J’ai toujours besoin d’en mettre.»

En vrac
Bien que la peinture soit sa principale occupation, Marc Leduc se consacre parallèlement à d’autres projets. Il a entre autres réalisé les quatre pochettes des disques du chanteur Urbain Desbois. «Urbain (Luc Bonin) arrivait avec quelques idées en lien avec le titre de l’album, et de mon côté, je faisais plusieurs propositions. Bien que je sois plus à l’aise avec la peinture, j’aime vraiment le dessin, c’est une technique qui me pousse à être plus minimaliste.» Il a également illustré le recueil de poésie de Maxime Catellier, Bancs de neige, publié récemment aux éditions L’Oie de Cravan. «J’ai travaillé à l’encre, au crayon de cire, au fusain, en essayant de saisir le mood des textes, et en tentant de leur rendre justice.» Leduc affirme avoir sensiblement la même démarche, indépendamment de la technique utilisée. Lorsqu’il est question d’Hors d’œuvre, pièce au fort pouvoir métaphorique ayant été choisie pour illustrer le rouge de la cuvée 2006, l’artiste avoue préférer ne pas verser dans le symbolisme ni la franche figuration. «Je ne me trouve pas très bon là-dedans. J’aime qu’il se passe des choses dans le tableau, sans que ce soit trop narratif. C’est plutôt l’ambiance que j’essaie de saisir. Cela dit, je suis très content du résultat de l’étiquette!»

Marc Leduc présentera les œuvres de sa prochaine production à la Galerie Espace Robert Poulin, du 18 septembre au 12 octobre 2008.

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Cuvée réZin 2006 Vin de pays

Les années passent, les cuvées réZin changent, mais s’adressent toujours à l’amateur de vins naturels pour qui le plaisir réside dans la franchise des parfums et la personnalité, plus que dans les préjugés attachés aux cépages ou aux appellations.

Le vin est issu de raisins cultivés le plus naturellement possible et la main du vigneron n’intervient dans la vinification, comme dans l’élevage, que pour sublimer le fruit et son origine.

Comme à chaque année, il s’agit de vin 100% fruit, sans levures chimiques ni acides, sucre de betterave ou enzymes ajoutées. Il est assemblé par nos soins à la cave et mis en bouteilles sans filtration. Ce procédé permet d’embouteiller un produit fidèle à l’essence même du fruit, du millésime et du terroir d’origine.

Assurément, 2006 marque un changement de style dans la cuvée réZin. Le vin est plus structuré qu’à l’habitude, mais garde le fruité et l’équilibre que nous aimons tant. Il présente un éclat de fruits noirs tel qu’il donne la sensation de croquer dans le raisin. La cuvée 2006 aura plus que jamais sa place à table, que ce soit celle de votre salon, ou de votre jardin! Cette nouvelle édition présente des tanins qui réclament de la viande et du gras. Elle saura certainement répondre dignement aux attentes des amateurs de vins de chez réZin.

L’assemblage a été réalisé de concert avec le très jeune, mais très talentueux Matthieu Cosse, bien connu dans le sud-ouest de la France pour sa production de Cahors de grande qualité (Combal, Fage, Laquet). Les mots d’ordre lors de la confection de la cuvée 2006 étaient fraîcheur, plaisir et originalité.

Nous vous recommandons de boire la cuvée Rézin un peu rafraîchie (17 degrés Celsius) en accompagnement de grillades – bœuf, agneau, cerf, sanglier – ou avec des fromages à pâtes fermes et pas trop crémeux, de la charcuterie, du poulet BBQ… bref, pour toutes occasions qui appellent le lardon ! Ce nouvel arrivage est habillé d’une œuvre d’un jeune artiste de Montréal, Marc Leduc.

leduc

Cuvée réZin rouge
Matthieu Cosse
Vin de pays du Comté Tolosan – 2006