Morgon vieilles vignes

On reste en Beaujolais, mais du côté de Morgon, l’autre grande appellation du Beaujolais avec Fleurie. Et par un producteur, Georges Descombes, plus grand que nature (comme le style de ses vins). Discret à l’ouverture avec des notes poussiéreuses, l’ensemble va se complexifier à vitesse grand V au contact de l’oxygène. Ça «morgonne» à fond avec des notes de cailloux mouillés, de myrtille, d’herbe, de ronce et de fleur. Un fruité à la fois lumineux et énergique en bouche. C’est sapide, juteux et aérien. Des amers subtils s’installent en finale pour rehausser l’ensemble aromatique. Une bouteille de plaisir et de méditation. [...] Offert à «prix d’ami» et disponible en assez bonne quantité dans le réseau SAQ, je ne peux m’empêcher de vous suggérer d’en faire réserve pour l’été. Servir bien frais.

Georges Descombes est genre le 5e membre de la bande des 4 composée de Lapierre, Breton, Thevenet et Foillard. On le surnomme Noune (un surnom à garder en France). Ses vins sont toujours gourmands de fruits, de grand plaisir. Si je ne me trompe pas, ça faisait un moment que son morgon n'était pas rentré en SAQ. Cuvée sans soufre, élevage en fûts sur lies. TRÈS BEAU MILLÉSIME D'UN TRÈS GRAND !

Ce cru est non seulement d’une enviable intégrité, mais il résiste admirablement à une oxygénation prolongée, cela 48 heures après ouverture. Mieux, ce gamay gagne alors en ampleur, déclinant ses flaveurs florales et fruitées en s’arrimant au relief de tanins fins, frais, de grande subtilité. Il y a de plus ce souffle combinant maîtrise d’exécution et liberté de mouvance qui réjouit. Grand art!

Boire du gamay de Descombes, c’est évidemment boire sain. Mais c’est aussi plus que ça. C’est laisser de côté tout le bla-bla et les flonflons qui enrobent et séduisent pour se laisser happer par l’essentiel. Quelle maîtrise ici, dans la simplicité même. Souplesse et pureté d’un fruité étoffé en fraîcheur, en longueur.

Georges Descombes a converti le vignoble familial à l’agriculture biologique en 1988 et vinifie sans intrants, sinon un peu de SO2 au besoin. Ses morgons, surtout sa cuvée Vieilles vignes, sont souvent un peu plus nourris que ceux de Foillard et de Lapierre. Le 2017 est purement délicieux. Une profusion de goûts fruités, dans un écrin de tanins veloutés et compacts, qui le rendent très rassasiant. Des amers de qualité accentuent aussi la sensation de salinité en finale, ajoutant une couche de profondeur à l’ensemble. Très réussi! Et il pourra encore gagner en nuances au cours de cinq prochaines années.