Bardolino

Le vin de la semaine: un rouge léger du nord de l’Italie

Léger, sans prétention et facile à aimer, ce rouge de soif est tout désigné pour les pique-niques et les apéros festifs entre amis.

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Le vin de cette semaine n’a rien de bien sérieux. C’est plutôt, pour reprendre les mots du regretté Bernard Pivot, un «vin populaire». C’est ainsi que l’animateur d’Apostrophes, originaire du Beaujolais, décrivait les produits de sa région. Des vins élaborés dans un cadre modeste et par des paysans sans prétention, destinés à être bus sans chichis par le plus grand nombre.

S’il rappelle le beaujolais, notamment par sa légèreté et son fruit, le bardolino de Matilde Poggi est bien campé dans son terroir de moraines, vestiges du retrait des glaciers qui ont donné naissance au lac de Garde. La vigneronne est inscrite dans une démarche bio depuis 2009 et cultive essentiellement du corvina, variété qui se plaît dans le climat presque méditerranéen de Bardolino.

Elle l’assemble ici avec du rondinella, un autre cépage traditionnel de la région, et signe un rouge «de soif» si juteux et gouleyant qu’il se boit presque comme un blanc et dont la structure repose plus sur l’acidité que sur la charge tannique. Le fait qu’il soit souple, léger et facile à aimer n’exclut pas une certaine profondeur aromatique, qui nous porte des baies acidulées à la prune, en passant par le poivre, les épices douces et la rose sauvage. Un petit bonheur printanier à servir frais, autour de 15 °C, avec des burgers ou des pâtes tomate et basilic.

Santé! Salute!

Pour les amateurs de Valpolicella, l'appellation voisine Bardolino, sur les rives du Lac de Garde, fait vraiment de beaux produits. Le vignoble, géré par la charmante Matilde Poggi est certifié bio depuis 2009. Cette cuvée d'entrée de gamme est un super vin de soif. Expressif et puissant, mais pas lourd. Accents de poivre, cannelle, cerise et tabac. Gros vin de pizza, pâtes et autre plats italiens typique. Un énorme coup de coeur pour moi.

Sous sa teinte cerise translucide, ce bardolino laisse entrevoir un plaisir digeste et croquant. La bouche est effectivement gouleyante avec un joli caractère fruité qu’une quarantaine de minutes au frigo permettront d’exprimer pleinement. À découvrir autour d’une pizza à la tomate fraîche et basilic ou une entrée de bruschettas.

C’est sans doute l’un des meilleurs exemples pour comprendre le sens de «vin d’été». Dominé par la corvina auquel on ajoute de la rondinella, deux cépages qu’on retrouve dans le fameux amarone de la Valpolicella – un vin corpulent et fort en alcool – on est ici aux antipodes avec un rouge léger et gouleyant. Une robe pâle et lumineuse laisse échapper des parfums accrocheurs de fruits rouges et d’épices douces. La bouche est énergique, juteuse, avec des tanins légers et une agréable amertume en finale. Beaucoup de caractère et d’une dangereuse buvabilité. Servir assez frais.

L’appellation vénitienne Bardolino est voisine de la Valpollicella et partage les mêmes cépages comme le corvina et le rondinella qui composent ce vin de soif frais et digeste. La robe est claire et ses arômes vont de la pivoine à la fraise des champs pour offrir en bouche des notes de canneberge, de rhubarbe et une légère amertume doucement épicée qui rappelle la cardamome. Fabuleux avec une salade de betteraves, roquette, bleuets, fromage bleu et pacanes.

Résister à cet assemblage bio de corvina et de rondinella de Matilde ne relève peut-être pas de la goujaterie, mais… pas loin. La dame ne fait pas ici dans l’approximatif. Elle s’affiche et s’affirme, offrant aux cépages une fraîcheur, une vigueur et un cadre fruité bien arrêté, avec un prolongement amer et épicé fort stimulant.