Ce vigneron né aux Hospices de Beaune

31 mars 2016
Johanna Raynaud
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Vigneron à St-Aubin en Bourgogne, Dominique Derain, avait un avenir tout tracé devant lui en naissant aux Hospices de Beaune. Grâce à des grands-parents vignerons en Saône et Loire, il découvre dès son jeune âge la viticulture et la réalité de la vie de vigneron. Son rêve était là.

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Avec un caractère bien trempé et un goût prononcé pour les expériences, Dominique Derain n’était pas ce qu’on pouvait appeler un élève modèle. Brevet d’étude en poche, il débute sa carrière en tant que tonnelier en Bourgogne, métier qu’il conservera pendant 5 ans. Mais l’aventure pour lui ne peut pas s’arrêter là, et son vieux rêve de vignes remonte à la surface.

C’est sans diplôme dans le vin qu’il débute son travail dans différents vignobles, à Beaune, à Meursault, à Puligny, à Chablis, mais aussi en Alsace. Pendant 10 ans il perfectionne ses techniques et produit du vin pour les autres. «Au bout de 10 ans, je me suis senti insatisfait du manque de vision des gens pour lesquels je travaillais. J’avais besoin de faire des vins qui me ressemblaient, j’avais même commencé à faire en douce de mon patron des tests sans souffre sur certaines cuvées. Finalement ça n’a pas plus, il était temps pour moi de passer à autre chose».

Motivé et prêt à réaliser son rêve, Dominique Derain trouve une terre dans le Luberon où il espère pouvoir y faire du vin à sa façon. Malheureusement, son projet n’abouti pas. C’est alors qu’en 1987, il trouve un bout de terrain à St-Aubin qui n’a pas été exploité depuis la crise du Phylloxera. L’endroit est parfait pour la vision du vigneron qui souhaite exploiter ses terres en agriculture biologique. L’affaire est signée et Dominique commence à planter des vignes. «Je fais alors la rencontre d’un agriculteur qui me parle de biodynamie. À l’époque, cette technique était méconnue (surtout en Bourgogne) et nous décidons d’aller suivre une formation avec la papesse de la biodynamie Maria Thun. Nous rencontrons sur place une bande d’hurluberlus qui parlent de tisane et d’énergie. Les vins que nous dégustons sont tous piqués, rien n’est buvable, mais j’accroche sur la philosophie et l’idée de suivre le rythme de la vigne. En revenant au vignoble, j’ai commencé à faire de la biodynamie.»

Précurseur en biodynamie en Bourgogne, Dominique Derain n’aime pas la routine, ni la répétition. Il aime créer et essayer de nouvelles techniques. La biodynamie lui correspond, il retrouve alors l’esprit d’antan, ce rythme qu’il avait tant aimé plus jeune en voyant ses grands-parents dans les vignes. Dominique Derain dit de lui-même «je ne suis pas un faiseur de vin, je suis un accompagnateur. Mon rôle est de comprendre mon raisin, de suivre l’évolution naturelle et d’intervenir un minimum sur les jus, juste assez pour en tirer le meilleur. Comme le disait mon grand-père, le vin se fait d’abord dans la vigne».

Vingt huit ans plus tard, Dominique Derain est une référence pour les nouvelles générations de vignerons. Il aime partager ses visions, pousser les jeunes à réfléchir et à remettre en question les façons de faire.

Il produit aujourd’hui 15 cuvées, dont 13 en AOC, et pense déjà à ses prochaines expériences vinicoles. Aventure à suivre…

 

Crédit photo: Wineterroirs.com